Au départ, je souhaitais écrire le premier article de mon blog sur les caractéristiques HPI/HPE. Je ne vous cache pas que la rédaction de l’article en question, version liste, manque de fun, son caractère laborieusement descriptif fait qu’il ne sera pas rédigé sous cette forme. Peut-être avez-vous remarqué une certaine résistance à l’effort, à l’ennui qui entraînent procrastination et fuite ? Ce sont des caractéristiques des HPI (ou zèbres, atypiques, philo-cognitifs…comme vous voulez). J’ai donc choisi de parler de ces caractéristiques à travers des articles traitant de sujets particuliers.
 
Aujourd’hui, de par la situation sanitaire et sociale que nous vivons, de par le mal-être grandissant, la confusion, de par mes propres interrogations sur ce monde, il m’a paru plus essentiel de parler de sens. Le sens est important pour tout un chacun mais il est aux atypiques ce que la boussole est au marin, il ne peut pas naviguer sans.
 
En quelques mois, nous avons basculé dans un autre monde où les repères habituels ont disparu. Tout ce qui faisait sens pour nous – le travail, les liens affectifs et sociaux, l’organisation de la famille, le sentiment de sécurité apparente, les projets, le mouvement, la culture – a été chamboulé, quand ce n’est pas interdit. « L’impuissance acquise » s’est installée dans nos cerveaux et nos vies.
L’impuissance acquise est l’incapacité à décider pour soi, se positionner, se sentir libre, suite à des stimuli extérieurs comme la peur, les injonctions, les ordres-contre-ordres, le langage paradoxal, la manipulation émotionnelle. Le néo-cortex est court-circuité par le système limbique (centre de l’émotionnel) et le cerveau reptilien (premier cerveau, centré sur le danger), ce qui entraîne une sidération du cerveau.
Comment sortir de cette impuissance, retrouver du sens et son pouvoir d’action ?
 
Interrogeons tout d’abord la notion de sens. Le sens est notre repère de vie, à la fois le but et le chemin. Je ne connais pas d’atypique capable de naviguer joyeusement sur le grand océan qu’est la vie sans donner de sens à ce qu’il fait. Dès la petite enfance, ces petits zèbres-là interrogent sans cesse sur le sens des choses et n’intègrent pas ce qu’ils ne comprennent pas. Vous avez déjà appris par cœur, sans savoir pourquoi et à quoi ça sert ? Moi, non. Si on m’avait parlé du nombre d’or, de la construction des pyramides, je me serais plus intéressée aux mathématiques !
 
Celui qui a parlé et magistralement montré l’importance du sens dans sa vie est Viktor Frankl, le père de la logothérapie ou la thérapie par le sens. C’est ce qui lui a permis de sortir vivant d’un camp de concentration et aider son entourage. Il a prouvé que même dans des conditions extrêmes, trouver un sens à ce que l’on vit, nous permet de nous équilibrer (survivre parfois) et continuer à avancer malgré les aléas de la vie.
 
Donner du sens à ce que l’on expérimente nous enjoint à sortir de la peur, de la confusion et retrouver un champ d’action. La lucidité extrême du HPI sur lui-même et sur le monde peut l’amener à se demander ce qu’il fait là, comment il peut évoluer dans un univers bridé. L’émotionnel décuplé peut neutraliser les idées et la cohérence. Poser un sens, permet d’équilibrer intellect et émotionnel. Posez vous les bonnes questions : En quoi est-ce que je crois ? Qu’est-ce qui est important portant pour moi ? Qu’est-ce que j’ai envie de vivre ? Qu’est-ce que j’ai envie d’apporter au monde ? Qu’est-ce qui va me donner envie de me dépasser ? Etc…
C’est le moment de mettre en valeur sa créativité foisonnante ! cette intelligence particulière, capable de faire des liens entre les choses, invisibles pour d’autres, offre de multiples possibilités d’être serein et proactif, même au milieu du chaos.
Que ce sens corresponde à vos valeurs, que le beau, le bon, tout ce qui vous tient à cœur y soient nourris.
Pour ma part, mon travail qui est la relation d’aide ne suffit plus, dans un « monde ancien » qui ne fonctionne plus. Nous ne retrouverons pas « l’avant ». Alors l’idée de me centrer sur un nouveau monde où des valeurs telles que liberté, partage, écologie, respect du vivant, compassion, feront loi.
Au lieu de succomber à la peur, j’utilise mes émotions et mon hypersensibilité pour grandir, retrouver de la liberté intérieure et préparer l’avenir. Ainsi, la joie et la curiosité d’expérimenter ravivent mes neurones et l’intuition…qui se sentent plus utiles !
Quand notre cerveau retrouve sa mobilité, il peut se mettre au service des solutions.
 
Ce sens nous rend vivants, il ranime le désir. Désir de construire, vivre, goûter le plaisir, sentir son corps bouger, entreprendre, aller de l’avant, oser sa créativité, être tout simplement. Il nous donne l’envie de nous lever le matin, trouver le courage de nous dépasser. Même si la liberté de mouvement est brimée à l’extérieur, vivre en fonction de ce qui fait sens pour nous, ouvre les frontières intérieures et libère notre potentiel.
 
Bien évidemment, tous les atypiques ne sont pas en perte de sens et cet article ne leur parlera pas forcément. Pour les autres, j’espère que cet article vous aura aidés. Si même une seule personne y trouve une étincelle, mon action prendra tout son sens et cela me réjouit.
 
 
 
 
Elisa B